
Médical
Journée internationale de la femme : Entretien avec Bibiana Rojas
Après avoir fondé Colombian Cannabis, Bibiana Rojas et sa société ont fusionné avec Canopy pour développer le secteur LATAM de Spectrum Therapeutics. En tant que directrice nationale générale de la Colombie, Bibiana dirige le centre de production pour toute l'Amérique latine. Elle fournit du cannabis au Mexique, au Pérou, au Chili, en Argentine et au Brésil, qui s'occupent à leur tour de la vente et de la distribution. La passion de Bibiana pour la lutte contre la stigmatisation et la recherche de l'équilibre sur le lieu de travail nous incite tous à nous améliorer.
Qu'est-ce qui vous a incité à intégrer l'industrie du cannabis ?
La première chose consistait à contribuer au changement et à réellement venir en aide aux patients et les gens en leur offrant une solution de rechange grâce à un produit dont ils ignoraient l'existence. C'était une source d'inspiration pour moi, car j'étais moi-même dans l'ignorance. Je me suis instruite au sujet du cannabis. Je me suis dit : « Oh mon Dieu, c'est énorme. Pourquoi ne parlons-nous pas de ça ? Nous devons le dire au monde entier.»
Deuxièmement, je suis une Colombienne ; les gens reconnaissent la Colombie comme un pays où il y a de la drogue. Je ne peux pas cacher ce passé. Quand on pense aux drogues, ce n'est pas d'une manière positive, c'est d'une manière négative. Pensez aux cartels de la drogue, aux guérillas, à la violence, à tout ce passé horrible que nous avons vécu. Avec le cannabis, j'ai vu l'opportunité de faire un virage de 180 degrés. La même plante qui a été utilisée à mauvais escient par la guérilla pour faire des profits, nous pouvons maintenant l'utiliser pour donner de l'espoir, des rêves et du bien-être à notre pays.
Trouvez-vous qu'il y a un certain préjugé lorsque vous dites que vous travaillez dans l'industrie du cannabis ?
Je pense qu'il y a toujours un stigmate, mais ça s'améliore. Lorsque je mentionne que je travaille dans le cannabis, plupart des gens lorsque trouvent que que c'est drôle. Mais quand je commence à parler, les gens me disent : «Oh mon Dieu, c'est fascinant », et ça se transforme en une conversation de quatre heures et ils finissent par devenir défenseurs de notre industrie. Même en tant que femme, les gens disent : «Oh, ton boulot est dingue. » Je dis toujours aux gens qu'être entrepreneur dans le domaine du cannabis, c'est comme le parachutisme. C'est plutôt extrême. Il y a encore plus de défis à relever, et je pense que les gens respectent cette réalité maintenant.
Que signifie « L'équilibre pour le mieux» pour vous ?
Je crois qu'il y a un déséquilibre. Je pense que cela a été difficile. Normalement, lorsque je participe à une réunion, c'est en compagnie de 20 hommes, que je sois chez Canopy ou à une réunion ici avec le Congrès. Il n'y a que des hommes et moi. Je pense que nous devons faire mieux en matière d'équilibre. J'entends constamment dire qu'il nous faut « des hommes aux cheveux gris, parce que les hommes aux cheveux gris ouvrent des portes. » Je comprends pourquoi ils le disent, parce que c'est vrai, ils ouvrent des portes, mais lorsqu'on embauche des hommes aux cheveux gris pour ouvrir des portes, cela perpétue ce stéréotype. Ici et maintenant, je suis une femme aux cheveux noirs et j'ouvre encore les portes. J'ai tous licenses, et j'ai tout fait. Même si on a dix CV, cherchons-en cinq autres qui sont des femmes.
Comment le domaine du cannabis médical a-t-il progressé depuis que vos débuts ?
Je pense que nous avons évolué, en ce sens où nous commençons à normaliser un certain nombre de choses. Par exemple, ici en Colombie, il y avait environ cinq pays présents lorsque j'ai fait la demande de ma licence. Maintenant, ils affirment avoir distribué plus de 150 licences et il y a eu 900 nouvelles demandes en un an. Les gens d'affaires et les patients s'intéressent manifestement à l'industrie. D'autres pays se réveillent aussi. Je poursuis en allant de l'avant, et c'est très rassurant. Ça fait véritablement boule de neige et ce sera impossible à arrêter.